En 2021, pour le compte d'un client sur un gros marché territorial, je devais estimer le nombre de captifs en zone de chalandise afin de proposer leurs offres commerciales.
Facebook Business semblait à l'époque l'outil le plus adapté afin de livrer un indicateur clé basé sur les interactions digitales de Facebook et Instagram. Les 2 réseaux sociaux alors les plus utilisés dans le monde (avant l'explosion de TikTok). L'algorithme de l'époque permettait d'avoir des indicateurs fiables sur les centres d'intérêts des internautes.
Après un résultat pour mesurer le potentiel de marché de mon client, j'ai pu élargir le champs des recherches pour établir un classement National à partir des 50 plus grandes agglomérations (source INSEE).
Nous pouvons constater qu'aujourd'hui peu de marchés du Top 10 sont exploités par le basket professionnel masculin et de nombreuses localisations pourraient à terme se positionner sur des Wild-cards LNB, si ce système revoit le jour et si les clubs sont porteurs de projets viables (arenas, actionnaires, ect..) :
Paris est le marché capital du basket français. Le Paris Basketball - que je connais bien pour avoir participé à sa mise à flot en 2018/2019 - va pouvoir exploiter l'Arena Olympique de 8 000 places pour consolider un modèle économique focalisé sur les Stadium Revenues. De Nombreuses délocalisations à l'Accor Arena (15 000 places) et vers d'autres sites inédits sont à prévoir. De plus, il faudra au minimum 3 ans d'exploitation de l'Arena Olympique pour avoir des résultats financiers concluants sur l'exercice d'une saison. Avec plus d'1 million de "captifs basket" sur son territoire, Paris représente l'un des plus gros marchés d'Europe avec Londres et Berlin. Villes dans lesquelles, nous pourrions imaginer voir apparaître des franchises NBA Europe à l'horizon 2030.
Marseille-Aix-en-Provence est un marché complexe. En effet, le club de Fos-sur-Mer fait l'ascenseur entre la Pro B et la Pro A. Il est structurellement limité (Halle Parsemain : 1 387 places), peu staffé et dépend du financement des collectivités locales sans parvenir à trouver un accord politique permettant de conquérir le territoire. Après plusieurs délocalisation de matchs au Palais des Sports de Marseille dans une enceinte peu adaptée aux grandes représentations de basket professionnel, l'implantation semble compromise tellement l'ancrage de l'Olympique de Marseille verrouille le marché. Une implantation dans une ville nouvelle tel qu'Aix-en-Provence semble plus réaliste pour ancrer la marque Provence Basket préalablement établie. Une mutualisation de l'usage de l'Arena du Pays d'Aix (6 000 places) - mieux adaptée et plus récente - devrait cependant être étudié avec le résident principal le PAUC Handball. Un nouvel actionnaire au capital du club pourrait booster le marché ou le SMUC (N2) porté par Mickael Pietrus pourrait se positionner comme menace de substitution en intégrant l'OM à moyen terme.
Lyon est un marché en bonne santé depuis la reprise du club de l'ASVEL en 2013 par Tony Parker. Le club aux 21 titres de champions de France s'est (re)dynamisé sur son territoire cette dernière décennie avec 3 titres de champions de France. En effet, gagner est un facteur clé de succès pour mobiliser durablement son public et s'ancrer sur son territoire. Le retour en Euroleague a permis au club de s'offrir de nouvelles perspectives avec la LDLC Arena (12 500 places) qui ouvrira ses portes fin 2023 et qui permettra d'optimiser les Stadium Revenus pour viabiliser les investissements. L'ASVEL Féminin muterait quant à lui progressivement vers l'Astroballe (5 000 plaves). Reste à savoir si John Textor maintiendra sa confiance et la participation actuelle de l'OL group à hauteur de 33% dans le capital de l'ASVEL aujourd'hui.
Toulouse est un marché à fort potentiel mais très concurrentiel. Vacant de tout club LNB depuis la fin des années 90 - je le connais tout particulièrement pour accompagner le Toulouse Basket Club depuis 2020- le territoire Toulousain est riche en nombre de captifs avec plus de 230 000 personnes manifestant sur les réseaux sociaux un intérêt pour le basket. Capitale du Rugby avec le Stade Toulousain qui a su construire un ancrage territoire - un cas d'école - le marché reste ultra-concurrentiel avec de nombreux clubs professionnels sur le territoire : Stade Toulousain (Top 14) ; TFC (Ligue 1) ; Fenix Handball (Starligue) ; Spacer's Volley (Ligue A) ; Toulouse Métropole Basket (Ligue 2)... Difficile pour le Toulouse Basket Club, pensionnaire de Nationale 1 de se défendre et pourtant nous assistons à la résurrection du Basket masculin à Toulouse, malgré des résultats sportifs encore poussifs le potentiel s'est clairement révélé durant la saison 2022/2023. Le manque d'infrastructures sportives à Toulouse reste affligeant pour la 4ème ville de France et limite tout perspective d'évolution. L'intégration au club omnisports du Stade Toulousain à l'été 2023 peut permettre au club d'entrer dans une nouvelle dimension et délocaliser quelques matchs au Palais des Sports (4 400 places) avant de pouvoir s'y installer durablement en cas de montée en Pro B.
Bordeaux compose actuellement avec Toulouse et Montpellier le "No man's land" du basket professionnel français. Malgré les efforts de Boris Diaw de 2010 à 2017, la JSA Bordeaux n'est jamais parvenu à maintenir le cap en Pro B. Pire, ils évoluent aujourd'hui en Nationale 2 et tentent de remonter en 3ème division. Pourtant avec plus de 140 000 captifs Basket sur le territoire, le potentiel est bien réel pour conquérir un public. Le Palais des Sports (2 600 places) - bien que présentant une architecture complexe - est idéalement placé au centre-ville. L'Arkea Arena (10 000 places) pourrait également y accueillir du basket si celui décolle un jour. Il manquerait cependant une arena de taille intermédiaire. Le changement de gouvernance récent et les efforts durables devraient dicter la cadence.
Nice est une base-arrière qui ne dispose pas d'équipe de haut-niveau. Cependant avec l'avènement de l'AS Monaco Basket, nouvel acteur dominant sur le marché et l'attractivité de ses résultats sportifs en Euroleague, le territoire Niçois avec plus de 130 000 captifs pourrait potentiellement servir de réservoir pour consolider la FanBase de la Roca Team.
Nantes, un marché qui végète pour le basket français. Éternel abonné à la Pro B depuis son accession en 1995, l'Hermine de Nantes stagne en deuxième division. Pire encore, ils se font griller la politesse par le Handball Club de Nantes (Starligue) beaucoup plus dynamique sur son territoire et appliquant rigoureusement la stratégie de métropolisation de la Ligue Nationale de Handball instauré en 2008. Le HBC entreprendra même la réhabilitation du Palais des Sports de Beaulieu (5 900 places) rebaptisé H Arena, rétrogradant ainsi l'Hermine de Nantes à La Trocardière (4 200 places) en co-partagé avec le Nantes-Rezé Métropole Volley (Ligue A). Avec plus de 120 000 captif le potentiel reste très attractif, cependant avec la gouvernance actuelle seul un actionnaire majeur avec une vision entrepreneuriale pourrait venir décanter l'organisation et booster le marché.
Strasbourg, un projet sain et durable sur le territoire. En Pro A depuis la saison 1999-2000, Strasbourg Illkirch-Graffenstaden Basket a su s'installer durablement en première division. Malgré plusieurs finales de championnat perdues, le président Martial Bellon a su capitaliser sur les résultats Européen en Eurocup puis Basket Champions League (BCL) pour bâtir un projet durable et sans prétention ("Euroleague"). La rénovation et l'agrandissement du Rhénus (6 200 places) en Crédit Mutuel Forum de 8 500 places, toujours en attente de démarrage, devrait permettre au club d'optimiser ses Stadium Revenues. Pour donner un second souffle, Martial Bellon a créé le poste de Directeur Général et engagé Laurent Freysz reconnu pour ses qualités en Business Development au RC Toulon.
Montpellier comme bloqué dans un épisode de ColdCase. Territoire LNB incontournable des années 90, Montpellier n'échappera pas aux coupes budgétaires des collectivités lors du passage à l'an 2000. Depuis, aucun club local n'a évolué au delà du 4ème échelon national. Un marché à potentiel sur lequel Tariq Kirksay (ex-International français / légende LNB) s'investit personnellement depuis 2021 avec le Montpellier Mosson Basket. Il fait usage de son influence pour réactiver les acteurs locaux et miser sur le projet progressivement. La famille Nicollin remet dailleurs la main à la poche depuis Octobre 2021.. Malgré une montée en Nationale 2, le club peine à mobiliser son public et à convertir ses captifs. En cause, le niveau sportif encore trop bas et le Palais des Sports de Coubertin (4 000 places) trop excentré et vétuste. Pénétrer dans cette antre est comme remonter dans le temps où tout le décor LNB d'époque y est encore en l'état. Actuellement en travaux, la capacité d'accueil cette salle est annoncé réduite de moitié. Ceci ne réglant pas la problématique de l'accès : Excentré, Peu de places de Parking, Peu de Transport en Commun.. Difficile de mobiliser du public en cas de parcours d'excellence sportive. La concurrence du MHSC Volley (Ligue A) et du MHB (Starligue) club incontournable au 14 titres de champion de France, laisse très peu de marge de manoeuvre. Et si l'avenir du basket par l'intégration à terme l'omnisports du MHSC ? Difficile à dire mais l'optique de voir un jour une équipe locale de Pro A évoluer à la Sud de France Arena (10 000 places) est plus qu'illusoire.
Lille, un marché structurellement limité. Évoluant en Pro B, depuis la Saison 2009-2010, le Lille Métropole Basket parvient à se maintenir en deuxième division mais ne semble pas disposé structurellement à viser plus haut. En effet, le club évolue au Palais Saint-Sauveur (1 800 places) et dispose de l'un des plus petits budgets de deuxième division (17ème pour la saison 2022-2023). Niveau gouvernance, Servais Tomavo en place depuis 1995, a passé la main à son vassal Bienvenue Djomatin en 2018. On assiste depuis, à quelques évolutions.. Bientôt un projet d'Arena à Lille pouvant attirer un nouvel actionnaire ?
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